Les élus du Congrès de la Nouvelle-Calédonie ont adopté mardi un moratoire sur l'exploration, la prospection et l'exploitation des ressources minérales des grands fonds marins de l'archipel du Pacifique sud pour une durée de 50 ans, au nom du principe de précaution.
Cette "loi du pays" qui concerne l'ensemble de la zone économique exclusive calédonienne, couvrant 1,3 million de kilomètres carrés, est l'une des plus strictes à l'échelle de la planète. Elle interdit toute activité extractive, à l'exception des missions de recherches scientifiques non invasives.
La Nouvelle-Calédonie est considérée comme un "hot spot" de la biodiversité mondiale. Son espace maritime abrite en particulier près du tiers des récifs pristins, c'est-à-dire quasiment vierges. Ces récifs ne représentent plus que 1,5% des récifs de l'ensemble des océans.
"Plutôt que de céder à la logique du profit immédiat, la Nouvelle-Calédonie peut choisir d'être pionnière dans la protection des océans", a justifié au cours de la séance publique Jérémie Katidjo Monnier, le membre du gouvernement local en charge du dossier. "C'est aussi un levier stratégique pour affirmer notre souveraineté environnementale face aux multinationales et un signal fort d'engagement envers les générations futures", a-t-il ajouté.
Le texte a été adopté à une large majorité, à l'exception des Loyalistes et du Rassemblement-LR qui se sont abstenus. Ils estiment les dispositions "trop rigides", en raison de l'interdiction d'exploration à visée commerciale et de la durée, jugée "largement disproportionnée" et juridiquement fragile. Nicolas Metzdorf, député Renaissance associé aux Loyalistes, a estimé que "toute notre action politique sur la question du nickel est tournée vers plus d'exploitation. Et là, on se porte en grand garant de la défense de l'environnement pour des fonds marins qu'on n'a jamais vus".
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L'adoption de cette loi intervient quelques jours après la signature d'un décret du président américain Donald Trump, le 24 avril, destiné à autoriser l'extraction minière des grands fonds marins, y compris dans les eaux internationales. Une décision qui va à l'encontre des règles du droit international.
Dans la région Pacifique, Nauru et les îles Cook se sont récemment prononcés en faveur de l'exploration. En parallèle, les États insulaires ont engagé en février une réflexion au sein du Forum des îles du Pacifique, sans qu'une position commune n'ait encore été adoptée.
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En France, la Polynésie a été la première collectivité d'Outre-mer à adopter, en décembre 2012, un moratoire sur l'exploitation des fonds marins, sans toutefois préciser de durée ni interdire l'exploration. La nouvelle directrice de l'Ifremer dans le Pacifique, Isabelle Forge-Allegret, avait plaidé début avril la nécessité de connaissance de ces fonds marins avant toute exploitation. Début 2023, l'Assemblée nationale votait à son tour un moratoire sur l'exploitation des fonds marins de l'ensemble de la ZEE française.
Avec AFP