Baisse de prix, suivi et paiement par téléphone : Les mesures du gouvernement de la Polynésie pour promouvoir les transports en commun

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Baisse de prix, suivi et paiement par téléphone : Les mesures du gouvernement de la Polynésie pour promouvoir les transports en commun

Tarif unique et en baisse, nouveau site internet, application de géolocalisation et paiement par téléphone : le gouvernement de la Polynésie a déroulé lundi ses mesures en faveur des transports en commun sur l'île de Tahiti. Objectifs : lutter contre la vie chère, les inégalités et l’encombrement des routes de l'île. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Tarif unique dans les transports publics. Le ministre des Grands travaux de Polynésie, Jordy Chan, en a fait l’annonce ce lundi, jugeant la grille actuelle du Tere Tahiti -le réseau de bus exploité dans toute l’île, et sous délégation de service public, par le RTCT- « trop complexe » et « pas assez abordable ». Il est vrai que les passagers -et conducteurs- peuvent s’y perdre dans les 70 tarifs aujourd’hui en vigueur, calculés en fonction de la distance, et atteignant 450 francs (3,77 euros) par trajet.

À partir du 26 mai, le ticket prépayé s’affichera au tarif le moins cher de la grille, 150 francs (1,25 euros), quel que soit l’arrêt de départ et d’arrivée, de la Presqu’île de Tahiti à Papeete. Ce prix, qui inclut deux heures d’interconnexion gratuite, sera même réduit à 110 francs (92 centimes) pour les achats de billets par carnet de dix. Seule exception : les « tickets de secours », achetés dans le bus en cas d’oubli de son titre de transport, qui seront facturés 200 francs (1,67 euros) pour « décourager » ces achats « qui retardent les chauffeurs et pénalisent tous les usagers ».

« Lutter contre les inégalités »

Effort de simplification, donc, de « lisibilité du réseau », mais aussi « lutte contre la vie chère » : les prix baissent de 25% pour les trajets à l’intérieur de la zone urbaine, et jusqu’à 65% pour les trajets entre la Presqu’île et Papeete.

Le ministre des Grands travaux, chargé des transports, parle en plus de mesures « d’équité sociale »« Ce qu’on constate au niveau du profil socio-démographique de l’île de Tahiti, c’est qu’il y a quand même davantage de personnes qui habitent loin qui sont moins aisés », note le membre de l’exécutif. « Donc cette réforme a pour vocation bien entendu de lutter contre la vie chère, mais également de lutter contre les inégalités. Elle s’inscrit aussi dans l’orientation stratégique du gouvernement en faveur de la décongestion des routes puisque promouvoir le bus, c’est promouvoir un mode de transport alternatif à la voiture qui est plus capacitaire et met moins de voiture sur les routes ».

Les baisses et la simplification tarifaires vont-elles suffire à faire préférer le bus aux Tahitiens ? Pas si sûr. Jordy Chan promet aussi de futures annonces sur la circulation des transports en commun -et donc sur des voies réservées, déjà en projet sur plusieurs axes de Papeete à Arue-, mais il précise surtout que ce sont les outils qui entourent le réseau de bus qui vont être modernisés.

Temps d’attente en direct et ticket numérique

Tere Tahiti va en effet avoir le droit, là aussi dans le mois à venir, à un nouveau site internet et une nouvelle application, qui permettront de calculer des itinéraires en tenant compte des horaires précis de passage des bus, grâce à un système de géolocalisation. Un système qui avait déjà été annoncé en 2019 et mis en place en 2020 sous la précédente mandature. Sauf que le prestataire technique du service avait fait faillite l’année suivante et que ni le RTCT, ni le Pays n’avait réagi, laissant l’outil informatique se dégrader, pour être, depuis un bon moment, complètement inutile aux passagers.

Début 2024, le gouvernement a donc mis en demeure son délégataire de service public RTCT de trouver un autre prestataire avant la fin de l’année. Ce qui a été fait : le logiciel a dû être changé, de même que les équipements à bord. Mais la nouvelle application doit surtout permettre d’acheter et d’utiliser dans les bus des titres de transports dématérialisés. 

« Aujourd’hui, pour acheter un ticket, il faut soit se rendre physiquement dans une des trois agences de l’île de Tahiti, soit aller sur le site internet pour acheter le titre de transport et l’imprimer », reprend le ministre. « Demain grâce aux nouveaux outils qui sont déployés, les usagers pourront utiliser directement leur titre de transport à travers leur smartphone dans le bus ».

Petite révolution, donc, et grande transition à prévoir : les cartes prépayées actuelles n’auront plus cours au 26 mai et devront être échangées, avec transmission du solde sur le nouveau titre. Le système de gratuité est maintenu en l’état mais certaines cartes (personnes âgées, handicap…) devront elles aussi être changées en agence. Il faudra aussi télécharger et s’habituer à la nouvelle application, et, pour ceux qui en avaient l’habitude, arrêter de payer à bord. Une campagne de communication est sur le point d’être lancée, précise le ministère, et la transition se fera pendant les vacances scolaires pour limiter les impacts sur le réseau.

Pour Tere Tahiti, l’opération n’est pas neutre : la baisse de tarifs représente un manque à gagner important, qui sera en partie comblée, d’après le ministère, par les économies d’exploitation et la potentielle nouvelle clientèle. Le Pays a tout de même accepté de mettre la main à la poche : 150 millions de francs (plus d’1,2 millions d’euros) par an supplémentaires pour le RTCT, titulaire de la DSP, sans compter les aides à l’investissement dans les nouveaux outils numériques.

Charlie René pour Radio 1 Tahiti